Toucher le fond, partie un

r

Après des années et des années d’envie.
Après avoir tanné mon chéri pendant des mois.
Après s’être demandé si finalement, vu mes accointances naturelles avec Murphy, qui bien sûr ne m’ont pas fait défaut sur cette semaine c’était vraiment très prudent.

Ayé, maintenant c’est fait, je viens de terminer ma semaine de formation plongée, qui aboutira au brevet SSI Open Water, le précieux sésame me permettant de plonger en binôme jusqu’à -18m sans instructeur.
Techniquement on a déjà la licence pour plonger seuls en piscine et un ticket pour une plongée gratos au Nemo33, qu’on prendra sûrement avant les deux plongées en milieu naturel, dans une ancienne carrière de sable à Mol [1]

Mais alors, techniquement, le brevet qu’on vient de passer il, ressemble à quoi?
Ben c’est facile, c’est cinq cours de 3h30 répartis sur une durée aléatoire [2], avec des plongées, de la théorie, de la théorie en plongée et un examen théorique, cinquante questions dont certaines sont pour le moins… bizarres.

Nous, on l’a fait au Nemo33,

33mètres de profondeur, 33° dans l’eau, 33 personnes au moins dans la piscine [3], bref, c’est pas qu’on est sous les tropiques mais presque.

Mais la piscine, à quoi elle ressemble?
Ben de l’exterieur, c’est pas super impressionnant. Plus petite qu’une piscine communale en surface[4],


c’est autre chose dès qu’on met la tête sous l’eau.

    Plusieurs profondeurs pour mieux assimiler la théoro-pratique de la plongée:

  • 1m30: pour mettre ton équipement dans l’eau sans te noyer [5], appréhender la respiration dans le détendeur, et faire les premiers enlevage de masque sous l’eau
  • 2m50, pour essayer de comprendre la flotabilité, sauter depuis le bord sans casser le carrelage et faire d’autres exercices divers et à varier.
  • 5m zone limite pour les baptêmes;accessoirement c’est là qu’on fait le “palier de sécurité” lors de la remontée et que y a les fenêtres les plus facile d’accès pour faire coucou aux ceusses qui sont au resto, ou a la caméra
  • La zone des 10 m, avec ses grottes et ses cloches d’air et les couples qui font des choses qui n’ont rien à voir avec la plongée
  • Et enfin la fosse, hexagonale. 33m [6] de profondeur pour 6, 5 de diamètre, autant dire que quand on est quinze à l’entrée du puits, on se palme un peu dessus

Mais pour moi, comment ca s’est passé?
En premier lieu, explication sur comment qu’on monte son matos: mettre la bouteille sur le gilet, l’accrocher, brancher le deuxième étage, ouvrir la bouteille, et vérifier que les deux détendeurs marchent, en ce qui me concerne vu ma masse graisseuse, j’ai eu besoin de deux plombs en plus pour aller titiller le fond de la deuxième zone

Et bien le premier jour mal. Très mal même. Premièrement, je ne suis jamais allé au delà de 4m de profondeur, pour la simple et bonne raison que je n’arrivais pas a équilibrer mes oreilles: la méthode donnée que tout le monde utilisait et qui fonctionnait, ben sur moi ca faisait rien. J’avais beau souffler dans mon nez, limite à m’en faire peter les tympans, rien, schnoll, nada.

J’ai pas pu aller tester d’autres techniques, faute de palmes adaptées, des crampes du gros orteil et de la voute plantaire terribles se sont manifestées après moins d’une demie-heure, m’obligeant à rester a 2m50 de profondeur et a regarder avec envie mes collègues descendre a 10 mètres.

Grosse déprime à la sortie, impression que je n’y arriverai jamais. Je suis rentrée, et j’ai été dormir directement, j’avais même pas faim.

Jour deux:
Le portefeuille plus léger de 50€, avec la seule paires de palme qui ne me compresse pas le pied et me semble adaptée à ma plongée, retour dans la piscine, avec cette fois une belle entrée depuis le bord celle dite du “tu t’éclates dans l’eau si jamais tu as oublié de gonfler ton gilet AVANT de faire ton grand pas en avant”.
Quelques exercices au 2m50 : enlever son gilet, le remettre, se coucher au sol et pis tout a coup, oups, j’arrive plus a expirer. Inspirer tout ce que tu veux, mais l’expiration bloque sur mon détendeur. Panique à bord, d’autant plus que le formateur nous a explicitement interdit de remonter en cas de soucis. J’attrape l’octopus de secours et miracle, parvient a respirer convenablement.

Je suis renvoyée a la surface pour changer mon détendeur et espérer survivre à ce deuxième jour de plongée. Autrement dit, c’est assez mal engagé.
Une fois tout bien revissé, c’est reparti. Départ vers les -5m. Petits problème d’oreilles absolument pas réglés par la manœuvre de Valsalva. C’est avec un espèce d’hybride pince le nez-souffle-dégluti-en fermant les yeux que je parviendrai enfin à équilibré tout ça.

Descente au -10m, aidée par le moniteur pour cette première fois, aka “j’te prend la main vient on descend vite y a pas de soucis”, tout baigne, mes oreilles me fouttent la paix, je n’ai pas de crampes et j’peux enfin savourer la sensation d’être collée au fond putain de flotabilité non maitrisée pesanteur de la plongée .

Petit passage dans les grottes, et un briefing pour la première descente dans la fosse des 33m.
Objectif: atteindre les 18m.

Oui, c’est au milieu plus ou moins de ce graaaaaaaaand puits profond qui descent jusque là-bas tout en bas. En plus quand on le regarde d’en haut, c’est vachement sombre dedans. Limite que t’as l’impression de rentrer dans l’oesophage d’un monstre marin.

Et on commence la descente, en restant groupir, tentant péniblement de maîtriser notre flottabilité pour un, éviter de descendre jusqu’au fond et mourir écraser par la pression et la colère du monito [7] deux remonter trop vite et exploser ce qui nous sert de poumons [8].

On a enfin atteint les 18mètre. Au dessus et au dessous de nous, y a environ la même quantité d’eau et a peu près 3 bars de pression nous entourent.
J’avoue c’est impressionnant de voir ca, on se sent tout piti.
On remonte lentement [9], passage de quelques minutes dans les grottes pour un petit debriefing, quelques jeux dans la zone des -10m, et on remonte au -5m pour le fameux palier de sécurité de trois minutes, à faire les cons devant les fenêtres.

Et on refait surface pour regonfler les bouteilles et refaire une plongée.
Plongée ou c’est évidement dans la zone -10 que je vais me faire de terribles crampes.
Et bien crois moi ou pas, mais gérer une crampe a -10m c’et pas facile facile. je préfèrerais encore un problème sur mon détendeur principal que ces vacheries de crampes au pied.

C’est avec des étoiles plein les yeux qu’on est ressorti pour remettre le couvert le lendemain.
Accessoirement, après ces deux plongées, j’avais une faim de loup et jamais un repas ne m’a paru aussi appétissant qu’après tout ces efforts…

Et la suite? Ben c’est pour bientôt.
Note que toutes les photos utilisées pour illustrer cet article ont été tirées *pan* du site de nemo 33.

[1] Juste histoire de vérifier qu’on sait encore flotter entre deux eaux, tel des méduses, ce qui vu mon ascendant barrique rempli d’air melée a ma maladresse congénitale risque d’être un chouïa aléatoire
[2] Dans notre cas, une semaine. Du lundi au vendredi, de 18h30 à 22h. Autant dire que physiquement, je l’ai senti passé
[3] Faut bien admettre qu’a certains moment, il y avait vraiment beaucoup, beaucoup de monde et que ca se bousculait dans la fosse, dit celle qui a -12 a failli s’emplaffonner quelqu’un qui remontait
[4] 20m sur 16 m
[5] Sauf si t’es doué comme moi et qui tu parviens quand même à te vautrer lamentablement en essayant de t’équiper et que tu te retrouves les fesses sur le fond. Sans masque. Paye ton ridicule aussi quand tu doit être assis sur ton gilet gonflé mais que comme j’ai à peu près autant d’équilibre qu’une loutre bourrée, ben c’est festival de petits cris aigus. De loutre pour se faire
[6] En fait 35m
[7] Meunan, il nous aurait récupéré avant qu’on descende trop.
[8] Mais de nouveau, on était attrapés avant d’en arriver là
[9] Cette sombre histoire de 9m/minute maximum en remontée qui te sera serinée toute ta formation théorique