En calculant sur mes doigts [1], je me suis rendue compte que ca faisait plus ou moins vingt ans, que je m’étais frottée a ma première scène.
Je me souviens en avoir pris grand plaisir, c’était avec la chorale de l’école.
Après on a fait des concerts, des tas de concerts. Avec des vrais musiciens. Avec le recul, je me rend compte de la chance qu’on a eu d’avoir cette prof. Pleine d’amour pour ses élèves, qui se demandait parfois si elle ne les poussait pas trop, mais dont ceux-ci en redemandaient
Puis il y a eu le théatre, l’impro. La flute. J’étais devant un public régulièrement, seule ou en groupe et j’aimais ca.
Mais il me manquait l’interaction avec le public. Le théatre c’était bien, mais trop figé a mon gout. Et puis il y avait cette barrière, on ne créait pas vraiment de connivence avec le public.
Puis, il y a quatre ans, j’ai découvert le conte. D’abord pas des formations courtes, pour avoir une idée de ce que c’est, puis il y a trois ans, j’ai sauté le pas et commencé la formation longue. J’en ai peu parlé ici, sûrement par pudeur, mais toujours est-il que ces trois (trop courtes) années touchent à leur fin.
Et que le travail de fin d’étude, c’est un spectacle d’une demie-heure que chacun devra écrire de ses petits doigts, puis monter et enfin présenter, sous la tutuelle de deux formateurs, qui sont eux-mêmes professionnels [2]
Je me suis donc arraché les cheveux sur l’histoire d’un mec qui passe son temps a se transformer et faire des baybays, a comprendre la symbolique de l’histoire, à me l’approprier, a créer mes personnages/images/dialogues, pendant des jours, des semaines, des mois, a avoir envie d’envoyer balader le tout, a écrire des mails a ma responsable en lui disant que j’en pouvais plus, que je voulais tout arrêter, pour ne finalement jamais les envoyer.
Il me reste encore trois jours de training, et deux répétitions avec mes deux formateurs responsables [3] et j’ai du mal a croire que c’est presque fini. Il me reste encore un mois pour peaufiner mon “pestacle”, mais j’ai triché, et j’ai déjà pu le présenter a un vrai public aujourd’hui
Ben laisse moi te dire que c’était pas une mince affaire. Mon premier “seule en scène” de plus de dix minutes [4], hier je jurais mes grands dieux que j’irais jamais sur scène, qu’il faudrait me décrocher chaque doigt du pendrillon, puis me trainer sur scène tandis que mes ongles imprimeraient des griffes dans le sol et mes hurlements de terreur, une surdité définitive aux gens qui auraient été assez fous pour être là, tandis que mon bourreau aurait dû m’attacher a la scène pour ne pas que je file.
Au final, ca a été le pied total. Le trac a disparu quelques minutes avant de monter sur scène [5], on passera sur mon échauffement dehors qui a fait peur aux gens qui m’ont croisés [6], sur mon estomac qui criait famine un peu avant mon passage sur scène; pour retenir que même si c’était pas de la top qualitay, c’était grandiose quand même. Voici donc mes impressions à chaud:
Pour ceux qui se demanderait: Oui, j’ai survécu. Oui c’était génial et uber jouissif, cette impression de tenir le public dans la main, de l’emmener ou on veut, de le frustrer aussi parfois par des silences trop long a son gout, cette pêche ou on raconte a tout le monde, mais aussi personnellement,ma langue qui fourche, voir les erreurs halacon sur scène, les rires du public (parfois pas à l’endroit qu’on s’attend), bref, j’ai été maitre de la scène et j’ai aimé ca. Même que j’ai hâte de recommencer.
Mais avant ca: peaufiner le pestacle, faire des images plus précises et s’entrainer encore et encore. (ah et vouer un culte aux formateurs de la Maison du Conte de Bruxelles, qui donne les bases avant que les pioupious ne prennent leur envol)
Maintenant, yapluka laisser retomber l’euphorie, et travailler sur les retour que j’ai eu. Btw, un vrai public, ca change carrément la donne. Surtout quand eux-mêmes ne savent pas ce vers quoi ils vont aller…
Et sinon, ce que je pense de ma presta? En toute honnêté, ma fin péchait par manque d’images, qui étaient un peu brouillonne, mais ca me donne de quoi bosser pour la suite
Bref, c’est quand la prochaine, j’ai hâte
Je suis bien consciente que ca demande a être grandement amélioré, mais pour un baptême du feu, c’est pas mal du tout, bref, j’en veux encore. C’est foutu, j’ai mis le doigt dans un engrenage dont je pourrais plus jamais me tirer
Et sinon l’apothéose de tout ca c’est quand? Et bien ecoute, c’est le 19 juin
[1] Oui parce que je suis un peu nulle en calcul mental, et que j’ai peu de mémoire et en plus je suis infoutue de compter correctement
[2] Et ouais, ca rigole pas
[3] Que j’aime d’amour, malgré la trouille qu’ils me font
[4] Ouaip, 35 en fait
[5] En fait la gerboulade s’est calmée mais j’avais les genoux qui jouaient des castagnettes
[6] Agiter un bras, puis l’autre puis une jambe puis l’autre en comptant jusque dix pour chaque, puis recommencer avec neuf, faire le tour de tout, puis huit, sept,…, ca a de quoi faire peur pour les gens qui s’y attendent pas