Depuis quelques temps j’ai repris une formation. Formation située au centre-ville. Mais vraiment le centre du centre. En gros, t’as que du parking payant dans un rayon raisonnable, et vu mes horaires, je suis obligée d’y passer, plutôt que de me parquer en périphérie.
Bref, au delà du fait de me faire delester de 10€50 chaque fois que j’y vais, j’ai la joie et le bonheur de pouvoir manoeuvrer sur des parkings sous-terrains tout pourrites que t’as juste trois poils de cul entre tes rétros et les murs en béton armés des rampes d’accès. Les nombreuses griffes, coup et éclats de peintures sur les murs en témoignent
Sans parler des places, ou le challenge d’accès si quelqu’un est garé a coté de toi est de te faire fine, façon feuille de papier pour pouvoir t’insérer dans ta voiture en arrêtant de respirer, rentrant le ventre et compressant ta graisse histoire de te glisser dans la fente sans exploser ta portière ou celle d’à coté.
Du coup j’ai pris l’habitude d’aller directement au -3, me prendre une place peinarde et puis remonter par les escaliers jusqu’en surface, avant de jeter un oeil aux galleries et de me grouiller de peter les portails verts sur mon chemin d’aller en cours avant d’être en retard parce que j’ai justement peter trop de portails
Bien sûr, les escaliers sont étroits, sales et puent la pisse, un peu sombre parfois, mais jamais un sentiment d’insécurité ou de mal-être ne m’a effleuré quand je prenais ces couloirs et ces parkings sombres et vides.
Jusqu’au moment ou descendant vers 17h pour reprendre ma voiture, sur ce trajet ou je n’avais jamais croisé personnes, sur les dernières marches tout en bas, deux hommes.
Pas menaçants ni rien, juste deux mecs assis sur les marches, en train de fumer et de causer. Et de dire un truc wesh à propos de mon bonnet, un truc tout poilu avec des oreilles de loup
J’ai maugréé un truc, dis bonsoir et j’ai tracé.
Derrière moi, j’ai entendu la porte bouger.
Et j’ai eu peur. J’ai senti ce petit picotement dans les cheveux, à la racine de la nuque, j’ai cherché dans mes poches si j’avais quelque choses pour me défendre, seule contre deux hommes, dans un parking vide ou j’aurais bien pu crier tout ce que je voulais, personne n’aurait entendu.
J’ai aussi fait l’inventaire rapide de ce qu’il y avait a me voler: ma voiture, un téléphone capricieux qui redémarre quand bon lui semble, une CB qui ne m’a même pas permis de payer mon parking et cinq euros, un bien maigre butin
J’ai tracé, pris un autre escalier, des fois “qu’on” me suivait. Puis je me suis sentie ridicule. Je suis retournée sur mes pas, payé mon ticket, eu une crise cardiaque quand deux personnes ont rejoins leur bagnole.
Je suis sortie avec un sentiment mitigé. Est-ce que je retournerai me garer là la prochaine fois? Probablement.
Est-ce que je me sentirai angoissée en repassant par là? Probablement pas. Mais c’est quand même hallucinant que pour une circonstance banale comme ca; peut-être aussi parce que je suis une fille, j’ai eu peur. Très peur. Alors oui, #SafeDansLaRue oui.
Je sais pas si cet état de fait vient des faits divers ou de l’entourage qui instille une peur “fait attention,tu es une fille” ou du simple principe de base de survie, mais c’est le genre de choses qui me font penser que je serais peut-être plus sûre de moi avec des bonnes bases d’auto-défense.