Je conte pour vous

“On peut conter mille fois à mille personnes. Non, on peut conter une fois à mille personnes, mais on ne peut pas conter mille fois à mille personnes (encore que, avec le temps).
Non on peut conter une fois à mille personnes, mais on ne peut pas conter mille fois la même chose à une personne (sauf si elle a Alzaimher)…”[0]

Ben voilà, vendredi soir, je suis passée sur le grill, je suis devenue grande, je pourrais presque être une vraie conteuse [1], j’ai pas tombé sur scène , j’ai pas eu de [gros] trou de mémoire, ma langue n’a [presque] pas fourché, je me suis amusée comme une petite folle, et curieusement, y avait du monde. [2]

Déjà, je stressais depuis perpet, je suis comme ca moi, au bord de la crise cardiaque plusieurs jours avant de passer sur scène. Passant du rire aux larmes quand je suis pas sûre d’être au point et que l’enjeux est important [3], que je voyais que le conte et le fait que je sois sur scène mes amis s’en carraient mais genre grave [4], chépa, pour certains le conte cay rien que pour les gamins; enfin bref, j’étais bien minée donc. D’autant plus qu’en répétition, la semaine précédente, on m’avait fait changer toute la deuxième partie, pour enfin parvenir à un truc qui tenait la route.

Alors certes, j’étais contente de pas avoir ma fin bancale, mais il me fallait l’integrer cette fin, la rendre naturelle, ne pas achopper sur les mots. Ce fut épique.

Bref, on arrive le jour J. Je suis en train de mourir a petit feu devant mon cours cisco. Jonglant entre le contenu anglais et sa transcription en français dans mon cahier, histoire que je comprenne comment BGP fonctionne.
Pour tenir, je m’enfile café et boissons caféinées alors que mon coeur tente déjà de sortir de ma poitrine. Longtemps je cru que j’allais faire une rupture d’anévrisme avant de pouvoir passer sur scène

Je me suis imaginé mille contre-temps, qui m’empêcheraient d’aller sur scène. Je voulais pas y aller, j’étais sûre de me planter, stressée comme pas permis. Puis je me suis calmée. Un peu comme si je me résolvais a me faire massacrer [5]

Une heure de ping pong plus tard, histoire de terminer de chasser le stress, je suis dans la salle. Une dernière répétition avec le violoncelle, des crampes aux jambes pendant l’échauffement et ca commence.

Non mais c'est cosy comme salle en fait. Puis pas intimidante quand y a personne
Non mais c’est cosy comme salle en fait. Puis pas intimidante quand y a personne
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Je passe en deuxième, le temps semble s’écouler interminablement. Je profite de la prestation de la première, puis c’est à moi. Je me prépare. Fais la partie chantée dans la salle sans me vautrer [6], grimpe sur scène sans me tauler et commence.

Directement quand y a des gens, ben ca fait plus peur un peu...
Directement quand y a des gens, ben ca fait plus peur un peu…

Je raconte tranquilous, jusqu’au premier gasp. Ce petit fourchement de langue, qui me fait dire des chiots jouant avec des bras, plutôt que des bois. Le public est mort de rire. Je tiens vaille que vaille, prend plaisir a parler, a raconter mon histoire à tous ces inconnus. Les rires fusent, les gens s’amusent et c’est déjà la fin.

Le temps de saluer, sous les applaudissements, de savourer et c’est déjà la fin.

Bref, j’ai survécu a ma prestation examen de l’école du conte et terminé ces trois ans avec succès. A moi de nouvelles aventures, de nouveaux projets et de nouvelles scènes

[0] Oui référence pourrite inside pour commencer, j’ose tout. Je vous laisse déduire le reste par vous même, mais je vous rappelle que j’ai une pelle et que je sais m’en servir.
[1] Ben oui, la je suis toujours baby-conteuse, maintenant, j’ai les bases, faut que je continue, que je progresse et que je mature
[2] Enfin je veux dire, en plus de mon facteur et de mon chien. Que je n’ai pas d’ailleurs.
[3] Dans ce cas ci, passer devant un public ET les formateurs. Devant un public, pas de soucis. Devant un jury, directement je me sens jugée (ben tiens) et ca me stresse à un point, t’imagine même pas.
[4] A part trois personnes. J’aurais jamais cru qu’un jour je pourrais compter sur ma famille pour venir me voir
[5] Oui ou alors a me dire que c’est bon je connais mon sujet et que le public n’est pas une entité démoniaque qui ne veut rien que me faire cuire et rôtir.
[6] Ce qui change de la fois ou je me suis pris les pieds dans les pendrions dans les coulisses, ratrappée in-extremis au dit pendrion, sans qu’il ne se détache. Ce jour là, j’étais plus stressée du tout après ca.